mercredi 18 octobre 2017

Immanuel Velikovsky : un génie traîné dans la boue

Un article sur Immanuel Velikovsky pour mieux comprendre le cheminement qui l'a conduit à écrire son livre choc : Mondes en collision.

Immanuel Velikovsky : un génie traîné dans la boue
Immanuel Velikovsky

Voir :  Mondes en collision, les dix plaies d'Égypte n'ont pas eu lieu qu'en Égypte...

Immanuel Velikovsky (1895-1979) était un médecin et psychanalyste russe.

Il apparut pour la première fois aux yeux du public dans les années 20 en fondant à Berlin le journal universitaire Scripta Universitatis et plus tard en créant l’université hébraïque à Jérusalem.

Velikovsky était un homme intensément curieux qui s’était beaucoup instruit dans de nombreux domaines différents d’études aussi variés que la science, la médecine, la philosophie, l’histoire ancienne et les lois.

Il étudia la psychanalyse avec le protégé de Sigmund Freud, Wilhelm Stekel.

Velikovsky travailla d’abord avec Albert Einstein à Berlin, quand ce dernier publiait des articles de mathématiques dans le journal Scripta Universitatis, et de nouveau avec lui durant leurs efforts pour participer à la création de l’université hébraïque et plus tard dans la vie en tant qu’amis proches et collègues à l’université de Princeton.

En 1939, Velikovsky emmena sa famille à New York, prévoyant de passer l’été à s’occuper de recherches à la bibliothèque de l’université de Columbia.

Il compilait un texte psycho-historique pour esquisser les nombreux parallèles intrigants qu’il avait découvert entre le personnage littéraire grec Œdipe et le pharaon égyptien Akhenaton.

Cette recherche fut bientôt mise de côté quand Velikovsky tomba sur un papyrus égyptien appelé ”Les avertissements d’Ipuwer” (ou ”admonestations”), texte qui semblait fournir une confirmation historique aux récits bibliques sur les 10 plaies d’Égypte à l’époque de Moïse.

Intrigué par le fait que le récit biblique pouvait peut-être se baser sur des événements historiques réels, Velikovsky commença à chercher d’autres références anciennes qui pourraient servir à confirmer ce point de vue.

En se servant des techniques de spécialistes en mythologie comparée, Velikovsky commença une révision exhaustive des textes anciens autour du monde qui dataient de la même époque, et créa un ensemble de preuves à l’appui qui se révéla plus substantiel qu’imaginé au départ.

Les textes anciens présentaient ce qu’il considérait comme une sorte d’universalité de thème se rapportant à une calamité mondiale – des descriptions de feu pleuvant du ciel, de violents séismes, d’éruptions volcaniques, de déplacement de grands volumes d’eau et de catastrophes similaires d’apparence mythique.

À la même époque il commença aussi une recherche de références qui convergeraient vers un agent physique capable d’infliger le genre de malheurs décrits dans le Livre de l’Exode.

Il conclut finalement par la théorie du rapprochement d’une comète avec la Terre car c’était le genre d’événements naturels qui collaient le mieux avec le profil des conséquences destructrices décrites dans les textes.

Cette tentative de conclusion fut confortée dans son esprit par de nombreuses références antiques explicites sur une comète errante effrayante associée à la grande calamité.

On trouvait des références à cette comète dans différentes cultures sous des noms variés comme Seth et Typhon.

Velikovsky fut troublé d’apprendre que dans certaines cultures, les noms qui avaient été assignés au départ à cette effrayante comète furent plus tard associés à la planète Vénus.

Pendant ce temps, Velikovsky se rendit compte du surgissement soudain à peu près à la même période historique d’une apparente obsession mondiale pour suivre les mouvements de Vénus.

De nombreuses cultures différentes commençaient à garder soigneusement les récits écrits du nombre de jours entre les levers et les couchers de Vénus.

Le suivi de Vénus est la motivation probable citée par des historiens qui auraient inspiré les textes d’oracles sur ossements – la première forme connue d’enregistrement écrit à exister en Chine.

Pour Velikovsky, ces faits pris ensemble semblaient impliquer Vénus comme l’agent de peur des terribles événements qui selon lui pouvaient avoir ravagé notre planète.

Velikovsky associait cette même période de destruction avec la fantastique éruption du volcan Théra sur l’île de Santorin, la soudaine chute de l’empire minoen en méditerranée et la fin du royaume du Moyen Empire en Égypte aux environs de 1500 avt J-C.

Pour supporter cette thèse non orthodoxe, Velikovsky remarqua que les textes des plus anciennes cultures antérieures à 1500 av J-C – surtout celle de l’Indus, de Babylone et d’Égypte – se référaient seulement à quatre planètes – Jupiter, Saturne, Mars et Mercure.

Les références à Vénus avant cette date sont inexplicablement données avec des mots et des symboles qui étaient traditionnellement réservés aux comètes.

Elles décrivent Vénus qui apparaît ”chevelue” ou parlent de ses ”cornes” ou d’une ”longue queue”.
(Il existe des références avant – 1500 à des déesses comme Innana à Sumer, cependant l’iconographie associée à ces déesses impliquent habituellement des images de comètes.)

Deux groupes indépendants mais synchronisés d’anciennes archives astronomiques – l’un de Chine et l’autre de Corée – décrivent la première apparition d’une supernova à la même date d’observation et les deux la comparent en taille et en luminosité à Vénus ”avec ses rayons”.

De plus, toutes les anciennes cultures ont traversé virtuellement une période durant laquelle elles rangeaient Vénus avec le soleil et la lune, plutôt qu’avec les planètes, en se basant sur sa brillance.

Bien qu’il soit vrai même aujourd’hui que la planète Vénus, dans des circonstances appropriées, puisse rester visible pendant les premières heures de la journée, il existe d’anciens écrits qui rapportent que la brillance de Vénus rivalisait avec celle du soleil.

Velikovsky changea le centre d’intérêt de son étude en passant d’Œdipe aux origines de Vénus, et en 1950, MacMillan et Cie publièrent son livre hautement controversé sur le sujet, intitulé Mondes en collision.

Dans le livre, Velikovsky postulait – en se basant sur une grande variété d’anciens récits et de références – que la planète Vénus avait dû se former pendant la mémoire historique de l’humanité comme conséquence de l’impact d’un grand corps astronomique avec Jupiter.

Cet événement était enregistré dans le mythe grec dans lequel on disait que Jupiter avait avalé entièrement une déesse enceinte nommée Métis, qu’Athéna fit peu après jaillir de la tête de Jupiter.
Selon Velikovsky, Vénus – dont le nom grec signifie ”La nouvelle venue” – ”irradiait au début aussi brillamment que le soleil” en sillonnant le ciel, bien loin des limites newtoniennes de son orbite familière actuelle.

Il proposa que Vénus, dans ses vagabondages, avait provoqué un chaos considérable dans le système solaire, que sa trajectoire l’avait amenée presque au contact de la Terre autour de – 1500 et que Vénus avait directement impacté Mars.

Cet impact obligea Mars, à son tour, à quitter son orbite et à devenir le catalyseur d’une seconde série de rapprochements étroits entre Mars et la Terre. Le pire arriva, selon Velikovsky, autour de – 750.

Une sérieuse conséquence de cette interaction finale avec Mars, selon lui, est qu’elle affecta la période orbitale de la Terre, l’allongeant pour passer d’une révolution annuelle de 360 jours à celle actuelle de 365 et en éjectant Mars vers son orbite présente.

Plusieurs facteurs ont conspiré pour aider à ce que la situation du livre de Velikovsky devienne une des meilleures ventes.

Le premier était que la réputation personnelle de Velikovsky et son association de longue durée avec des projets et des gens à haut profil, tout cela mis ensemble fit de lui un hérétique difficile à ignorer purement et simplement, car il possédait déjà une réputation bien établie.

Le second était que sa théorie d’une récente naissance de Vénus contredisait directement la théorie planétaire moderne et les conceptions scientifiques du mouvement correct des planètes.

Le troisième a pu provenir de la pure stupéfaction des scientifiques traditionnels auxquels Velikovsky était supposé offrir une théorie qui s’opposait aux limites traditionnelles de nombreuses disciplines académiques, et le faisait sortir de son domaine propre d’expertise pour entrer entièrement dans un autre – à savoir l’astronomie – pour faire valoir son opinion.

Le quatrième était qu’il jugeait approprié de citer comme une preuve de sa théorie des anciennes références de textes qui, selon l’estimation de nombreux astronomes de l’époque, étaient classés comme valeur aussi probantes que les contes de fée pour enfants.

Ces preuves – qui provenaient de domaines de l’histoire ancienne et de l’archéologie – tombaient en plus bien loin de la capacité de la plupart des astronomes pour essayer même de les évaluer, et encore moins de les réfuter.

À l’aide d’une publicité très efficace – comprenant un condensé du livre qui apparut dans un magazine populaire et des exemplaires préliminaires du livre envoyés à plusieurs astronomes de premier plan – l’indignation des astronomes fut efficacement entretenue.

Leur rage professionnelle aida le livre à se propulser au statut de best-seller.

La popularité en pleine ascension du livre de Velikovsky mit le monde astronomique sens dessus dessous.

Le chahut dirigé contre Velikovsky l’hérétique approcha des niveaux inconnus depuis la persécution notoire de Galilée par l’église catholique au milieu des années 1600.

À posteriori, l’outrage était compréhensible : dans le monde de 1950 qui était devenu de plus en plus darwinien, la théorie de Velikovsky menaçait de ressusciter une sorte de religion apocalyptique que le monde scientifique avait combattu pendant plus d’un siècle pour l’éliminer.

De même, en contredisant la vision que toutes les planètes devaient être âgées de milliards d’années, la théorie de Velikovsky menaçait de saper les visions uniformitariennes qui servaient de fondations au darwinisme lui-même.

La théorie de Darwin exigeait un univers stable et immuable pour caser les processus d’une lenteur imperceptible de l’évolution qu’il proposait.

Plusieurs astronomes de renom écrivirent à la direction de MacMillan pour pousser la société à bloquer la publication du livre.

Le Dr Harlow Shapley (alors directeur de l’Observatoire de Harvard) conspira pour organiser un boycott dans des collèges et universités du très rentable livre de MacMillan, espérant faire pression financièrement pour faire chuter la vente du livre.

MacMillan – espérant désamorcer le boycott sans se soumettre réellement aux demandes des astronomes – fit la démarche inhabituelle de transférer ses droits lucratifs de publication du livre chez Doubleday, l’un de ses concurrents qui ne touchait aucun intérêt dans la vente.

Au moment de la publication de Mondes en collision, de nombreux aspects des théories de Velikovsky étaient qualifiés catégoriquement de pures absurdités par les autorités du monde de l’astronomie.

La vérité ferait plus tard surface selon laquelle certains des plus durs critiques de Velikovsky n’avaient jamais vraiment lu son livre avant de faire leurs déclarations, mais n’avaient basé leurs critiques que sur les résumés du livre avant publication.

Il est certain que la vision de Velikovsky d’une Vénus jeune et chaude allait à contrario de la sagesse conventionnelle de 1950, qui supposait que Vénus possédait une atmosphère semblable à la Terre et se prouverait finalement colonisable.

Les conditions acrobatiques apparemment nécessaires pour les déplacements de Vénus décrites par Velikovsky dans son livre – se mouvant d’abord comme une comète mais ensuite venant finalement d’une manière ou d’une autre posséder l’une des plus circulaires et régulières orbites de toutes les planètes – apparaissait contredire catégoriquement les lois de Newton sur le mouvement.

Carl Sagan soulignait que la grande quantité d’énergie nécessaire pour éjecter un corps de la taille de Vénus hors de Jupiter aurait probablement vaporisé de grandes portions de Jupiter et laissé ces zones intensément chaudes, même aujourd’hui.

Même Einstein, dont l’impulsion naturelle était une sympathie envers son ami et collègue, prit parti au début contre Velikovsky, écartant nettement sa suggestion que des forces électromagnétiques devaient jouer un rôle significatif dans les dynamiques des planètes.

La théorie de Velikovsky, quand on la considère soigneusement, apporte plusieurs possibilités ou conséquences logiques qui, si elles n’étaient pas toutes à la portée de scientifiques pour les prouver ou les réfuter expérimentalement en 1950, deviendraient sûrement vérifiables un jour prochain.

Par exemple, une naissance géologiquement récente de Vénus exigerait que la planète soit intensément chaude (d’après des études récentes, il y aurait 470° à sa surface).

De même, cela impliquerait que Vénus montre un ensemble de formations géologiques non évolué.
De plus, si Vénus avait sillonné le système solaire pendant des siècles comme un corps astronomique solitaire, nous nous attendrions alors à trouver certaines anomalies dans son orientation et sa rotation en la comparant à d’autres planètes.

Nous serions finalement capables de détecter si Mars ou Vénus avaient une fois souffert d’un impact direct avec un corps de la taille d’une planète.

Si Vénus et Mars s’étaient approchés très près de la Terre dans des temps anciens, nous pourrions identifier des signatures chimiques, géologiques ou magnétiques associées à ces événements.
Velikovsky lui-même avait fourni une longue liste de ses propres ”pronostics” – observations découlant de ce qu’il sentait devoir s’avérer finalement réel, si les faits confirmaient ce qu’il considérait comme les piliers inamovibles de sa théorie.

Peu après la publication du livre, certains ”pronostics” de Velikovsky commencèrent à se confirmer, pas toujours pour les raisons précises données par leur auteur.

Par exemple, l’avis controversé de Velikovsky sur le rôle de l’électromagnétisme dans l’interaction des corps planétaires – celui qu’Einstein avait d’abord refusé – fut confirmé par la découverte accidentelle d’émissions radio venant de Jupiter et l’acceptation de l’existence, basé sur le travail de Van Allen, d’un champ magnétique conséquent qui entoure la Terre.

Dans les années 60, Velikovsky fut considéré comme une autorité suffisamment crédible sur les questions d’astronomie pour être embauché par un réseau de télévision renommé pour devenir consultant et commentateur de l’alunissage en direct de la NASA en 1969.

En 1974, un symposium composé de scientifiques (Velikovsky compris) fut organisé à San Francisco pour débattre des théories de Velikovsky qui se termina en enterrant plusieurs critiques majeures contre lui.

”L’interprétation” officielle qui ressortit de cette conférence – et l’impression laissée sur le public – fut que les théories de Velikovsky avaient finalement été réfutées définitivement.

Pourtant depuis cette époque, comme de nouvelles preuves continuent d’émerger, une tendance persistante pour les nouvelles découvertes qui – tout du moins ouvertement – semblent soutenir une bonne part des ”pronostics” de Velikovsky.

Quand de nouvelles découvertes récentes sont faites qui pourraient potentiellement rappeler la controverse, elles sont le plus souvent présentées sans mention officielle du nom de Velikovsky.

Elles sont à la place habituellement annoncées emmitouflées dans une nouvelle théorie d’accompagnement, dont l’effet net est de mettre une distance avec les théories controversées de Velikovsky.

Par exemple, quand des preuves montrèrent que la planète était en fait intensément chaude – un point-clé cité par Velikovsky comme une démonstration cruciale de la justesse de sa théorie – les scientifiques écartèrent complètement la question en postulant préventivement un effet de serre incontrôlé pour expliquer cette haute température inattendue.

Quand on découvrit que Vénus avait bien moins de cratères d’impact qu’on s’y attendrait pour une planète vieille de plusieurs milliards d’années, les astronomes proposèrent à nouveau que ”des forces géologiques inconnues” avaient dû d’une manière ou d’une autre entraîné un resurfaçage global, géologiquement récent, de Vénus, effaçant donc le problème des cratères.

Avec certaines propositions de Velikovsky qui semblaient à première vue tirées par les cheveux – surtout ses fantasmes douteux sur les interactions chimiques qu’il supposaient s’être produits entre les atmosphères de Vénus, Mars et la Terre – il y a une perspective dont nous pourrions profiter en considérant soigneusement certains aspects de sa théorie.

Par exemple, sa suggestion qu’une planète pourrait se former suite à un gros impact avec une planète gazeuse géante semble aussi raisonnable que l’une des deux théories dominantes traditionnelles de la création planétaire – certains astronomes pensant que les deux théories souffrent de sérieuses (voire fatales) difficultés théoriques.

De même, la théorie de formation de notre lune comme produit dérivé d’un impact est déjà en partie accepté.

Il n’est sûrement pas déraisonnable de penser que ce qui peut arriver sur une petite échelle dans notre système solaire pourrait également se produire à plus grande échelle.

Certains critiques de Velikovsky disent qu’il est déraisonnable de penser que l’orbite vagabonde de Vénus en tant que comète aurait pu la rendre circulaire en tant que planète dans un temps si court – et pourtant il est bien connu qu’il existe des comètes qui ont apparemment réalisé des orbites circulaires autour de notre soleil.

Des théories suggèrent qu’une queue de comète peut fournir l’entraînement nécessaire pour rendre circulaire son orbite.

D’autres prétendent que les forces gravitationnelles des marées peuvent entraîner les orbites à devenir circulaires.


Traduit par Hélios du BBB

Présentation du livre mondes en collision par P. Jovanovic



Voir aussi :

L’origine sumérienne de la Bible, les preuves 

 Livre d’Hénoch, les enseignements du texte qui a inspiré le Christ



 Source : Mondes en collision (Immanuel Velikovsky) ; bistrobarblog.blogspot.com/ ;

Les Cathares, une vidéo pour comprendre cet ordre religieux mystérieux

Qui étaient les Cathares ? quelle était leur philosophie, pour quelle raison, l'église catholique romaine les a exterminé ? toutes les r...